Joaquin TURINA - Pascal GALLET, piano

Il est vrai que tout concourait à suggérer le rapprochement — fatalement défavorable — entre les deux compositeurs andalous presque contemporains, dont les chemins se sont croisés plus d’une fois et dont les liens d’amitié ne se sont jamais démentis. Les villes natales portaient cependant en elles le germe d’une divergence. Pour Falla, ce port de Cadix ouvert sur l’Atlantique et sur les conquêtes de Christophe Colomb, autant dire le rêve d’horizons infinis. Pour Turina, cette Séville terrienne, capitale étincelante sous le soleil andalou, la cité mythique à laquelle rendait visite — au moment même de la naissance de Joaquín — le musicien français qui a le plus passionnément aimé l’Espagne, Emmanuel Chabrier. Chabrier qui s’étourdissait de malagueñas, de tangos, de séguedilles, et ne quittait les bailes flamencos que pour monter à la Giralda (tout près des cloches !) pour contempler “el panorama de toda la ciudad, con claro de luna, muy blanca, como en la nieve, una maravilla, verdad !”

"Un disque remarquable". L’image que nous avons de Joaquín Turina souffre de sa situation historique : qui pouvait reprendre le flambeau d’une musique à la fois espagnole et universelle après la monumentale réussite d’lberia d’Albeniz ? Et qui pouvait éviter en même temps l’injuste comparaison avec la personnalité fascinante du plus proche compagnon de Turina, Manuel de Falla ? Les grandes réussites de Falla sur le plan international, sa reconnaissance hors d’Espagne précédant même son rayonnement national, ont porté ombrage à une oeuvre que l’on a longtemps cru connaître parce qu’on en jouait régulièrement deux ou trois pages et dont on est en train de découvrir avec émerveillement quelques sommets restés secrets. En particulier en ce qui concerne l’oeuvre pour piano.

Livret Français, Anglais, Espagnol